La presse belge n’en souffle mot: hier vendredi soir 5 juin, la ville frontalière de Tourcoing est bouclée. Elle vit sa 6e nuit d’émeutes, suite à la mort d’un « jeune » qui a refusé de s’arrêter face à la police et s’est tué dans une brève course-poursuite à 2.15 h du matin lundi 1 juin. Pendant la poursuite par la police, les occupants du véhicule avaient enfilé une cagoule pour ne pas être reconnus. Le véhicule n’était pas assuré. Il a percuté un arbre; le conducteur est mort. Les autres « jeunes » à bord du véhicule ont été arrêtés.
Immédiatement, l’émeute a démarré dans la nuit de dimanche à lundi. Incendie de voitures, caillassages de la police et des pompiers, destruction de commerces. Tout y était. Les jeunes « regrettent un manque de dialogue avec la police ». Comment ça, un « dialogue »? La loi s’applique pour tout le monde et ça ne doit pas faire l’objet d’un « dialogue ».
Ce vendredi soir, la situation s’est encore aggravée selon un lecteur du PEUPLE à Mouscron, responsable du Parti Populaire du côté belge de la frontière. Les émeutes sont sorties du quartier dit « La Bourgogne ». Les émeutes n’en finissent pas et s’aggravent de jour en jour . Hier jeudi et ce soir vendredi, d’autres banlieues sont entrées en ébullition; celles de Roubaix et Wattrelos notamment. Dans la nuit de jeudi à vendredi, 17 vehicules ont été incendiés. Ce vendredi soir nous écrit notre correspondent, « 2 hélicoptères survolent Roubaix à l’heure ou je vous écris. Si les hélicos sont de sortie, c’est que cela recommence. Hier jeudi, en fin d’après-midi , aucun bus TEC de la ligne mwr ( Mouscron – Wattrelos – Roubaix ) ne pouvait passer sur Tourcoing . Aucune personne ne pouvait entrer ou sortir de Tourcoing. La frontière avec la Belgique est fermée et gardée. Voila la situation ce vendredi soir ».
Hier, l’enterrement du jeune conducteur qui avait un casier judiciaire n’a pas fait l’objet de débordements. L’imam de Tourcoing a appelé au calme, en rappelant que « le défunt tire profit de la prière. Il faut que dans sa mort, il y ait du bien. Il faut tirer les leçons de ce drame et faire le bien. Il ne faut pas se révolter. Dans tous les moments de notre vie, il faudra penser à lui ».
Frédéric Fèvre, le procureur de la République de Lille est lui, revenu sur les incidents hier jeudi, tout comme le député-maire de Tourcoing Gérald Darmanin (Les républicains), en regrettant ce terrible gâchis. Il déclarait hier: « j’ai du mal à comprendre les réactions de violence qui visent les forces de l’ordre, des véhicules et des bâtiments publics. Les violences de ces derniers jours n’ont pas lieu d’être. Les policiers ont fait tout leur travail et rien que leur travail. Ils sont là pour faire respecter l’ordre. Les dispositifs de sécurité déployés ces derniers jours vont être renforcés. »
En 2012, il y avait 37,8% de chômage dans cette banlieue de « La Bourgogne ». La moitié des ménages du quartier largement immigré vivent sous le seuil de pauvreté et 42 % ont moins de 25 ans. 45% des habitants adultes n’ont pas de diplôme.
Pourtant le quartier a fait l’objet de multiples plans d’encadrement, avec « ‘médiateurs de rue » mais ces derniers ont renoncé à contenir la foule mercredi soir. « C’était devenu trop compliqué de faire de la médiation. Comment peut-on arriver à créer les conditions du dialogue entre les jeunes et les forces de l’ordre ? On n’arrive pas à régler ce problème… Quand la violence et le désordre sont là, c’est trop tard. On est dans l’émotion vive et la suspicion. L’accident et ses circonstances, c’est l’étincelle… » Le reste, c’est une minorité qui profite de la situation.
Voilà ce qui se passe ce vendredi soir encore, dans une de ces multiples zones de non-droit en France. On craint que les banlieues de Lille n’entrent également en ebullition. Pourtant rappelez-vous il y a quelques mois, la chaîne de TV américaine Fox News avait dit lors d’un reportage qu’il y avait de nombreuses zones de non-droit en France. Et le pouvoir socialiste, la maire de Paris, Madame Hidalgo (PS) en tête, avaient affirmé « qu’il n’y avait pas de zones de non-droit en France! » Madame Hidalgo trouvait cette affirmation « dangereusement mensongère » et invitait les américains à venir s’en rendre compte par eux-mêmes.
Ouais!
Une seule réponse à Madame Hidalgo. Ces zones de non-droit, comme « La Bourgogne » à Tourcoing, existent bel et bien. On n’a incendié « que » 940 véhicules la nuit du Nouvel An 2015 dans les banlieues françaises, contre 1064 l’an passé. Cela représente une baisse de 12%. Nous sommes rassurés.
Luc Rivet
http://lepeuple.be/une-banlieue-de-tourcoing-a-feu-et-a-sang/47944