Victime de deux cambriolages en moins de deux semaines, David Bouquet n’en peut plus.
L’homme, qui occupe une ancienne usine située rue de Crouy dans le centre-ville depuis plus de vingt ans, ne dort désormais plus chez lui.
En cause, selon lui, une bande d’individus squattant sous ses fenêtres face à l’UFR LEA et au restaurant universitaire.
« Je ne peux plus dormir chez moi. Depuis un mois, c’est devenu un enfer. Le week-end dernier, ils sont entrés par effraction dans l’atelier. Ont littéralement défoncé une porte. Ils m’ont volé du matériel, un instrument de musique, un téléphone, une table de salon. Ils ont même uriné dans le salon. »
Ils. Ce sont, d’après l’artiste peintre, un groupe de jeunes individus qui se réunit quotidiennement dans le passage reliant la station de métro Charles-de-Gaulle à l’UFR LEA et au restaurant universitaire Crouy.
« De 11 heures à plus de minuit, c’est un véritable lieu de trafic de drogue. Ils sont là, ils traînent, ils dégradent. Ils regardent chez moi à travers les fenêtres. Ils pissent sur ma porte, c’est devenu insupportable. Au début, j’ai essayé de parler avec eux. Tout ce que j’ai reçu en retour, ce sont des menaces. Maintenant c’est fini. Quand je les croise, je ne leur réponds plus. »
Une situation qui rappelle celle vécue par la famille Godefroy dans le quartier du Pile.
D’autres riverains victimes
David Bouquet a déposé plainte cette semaine pour les deux cambriolages dont il a été victime.
Une enquête a été ouverte par la police.
Des relevés d’empreintes ont été effectués dans l’atelier.
Mais l’artiste peintre n’est pas le seul victime d’incivilités dans le secteur.
Le restaurant universitaire, situé juste en face, a lui été victime d’une tentative de cambriolage lundi soir.
« Les dégradations et tentative d’intrusion sont régulières , confirme-t-on au restaurant. À chaque fois, nous déposons plainte. Ça ira mieux quand on aura déménagé. »
Car L’UFR LEA et le restaurant du Crouy quitteront le secteur en septembre 2016.
D’autres riverains ont aussi été cambriolés ces dernières semaines.
La bande pourrait aussi être à l’origine de l’attaque à main armée perpétrée fin avril contre une supérette de la rue de Lille.
Ce soir-là, deux individus cagoulés avaient braqué le commerçant qui n’avait pas hésité à tenter de les rattraper.
Dans ce dossier, l’enquête de police est toujours en cours.
Fermer le passage ?
David Bouquet n’espère qu’une chose : que ce triste passage soit fermé, une fois que l’UFR et le restaurant universitaire auront déménagé : « C’est le seul moyen de rendre un peu de tranquillité à la rue. »
D’ici là, l’artiste-peintre n’occupera plus son atelier que pour travailler.
« Plus question de vivre là. Il faut que ce lieu culturel perdure, peut-être dans un cadre associatif, mais moi je ne peux pas vivre à longueur de journée, cloîtré avec des persiennes baissées. »
«Une situation pourrie depuis un certain nombre d’années»
Margaret Connell, adjointe au maire chargée de la sécurité à Roubaix, est bien au fait de la situation du passage Crouy.
« C’est un passage qui a été créé artificiellement pour permettre aux étudiants de l’UFR LEA de rejoindre la station de métro.
Il y a là une situation pourrie depuis un certain nombre d’années et qui n’a pas été traitée jusqu’alors.
La configuration des lieux est délicate.
Il y a des intrusions dans les maisons de la rue de Crouy par le parking du conservatoire.
Nous avons affaire là à des individus qui pourrissent la vie des Roubaisiens.
Nous avons tenté d’éclairer le passage.
Ils ont brûlé des conteneurs et détruit l’éclairage.
Nous faisons le maximum pour régler le problème.
La police municipale a intensifié ses passages.
Mais nous ne pouvons être présents 24h/24.
Lorsque l’UFR aura déménagé, nous réétudierons la configuration des lieux.
D’autant qu’avec le départ des étudiants, la situation pourrait empirer. »
La goutte d’eau?
David Bouquet croit savoir ce qui a mis le feu aux poudres et raconte un épisode significatif.
«
Sur le parking de derrière, ils jouent souvent au foot. Un jour, alors que je travaillais à l’atelier, j’entends qu’ils m’appellent. Je vais voir. Ils me disent qu’ils veulent récupérer leur ballon. Le ballon se trouvait sur le toit. Je vais chercher une échelle et une longue tige. Du balcon, je monte sur le toit et redescends le ballon. De retour sur le balcon, un des jeunes avait escaladé les murs et était monté sur le balcon. Je rends le ballon au groupe et, j’invite celui qui était sur le balcon à passer par l’intérieur pour redescendre. À peine était-il à l’intérieur qu’il s’est mis à courir et a essayé de voler ce qui pouvait l’être. Je l’ai immédiatement mis dehors. »
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