Une grande tournée des provinces. Les membres de Flag, association LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) de la police et de la gendarmerie, délaissent cette année la région parisienne pour porter leurs mots de sensibilisation contre toute discrimination.
« Être homo à Chamalières, ce n’est pas gênant. A Croix-Neyrat, c’est autre chose »
A l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, le 17 mai, ils étaient samedi au Marais, bar homosexuel de Clermont. Ils étaient hier invités au commissariat de Clermont-Ferrand.
Car leur action pousse dans ces deux directions?: inciter les LGBT à déposer plainte lorsqu’ils sont victimes d’actes ou de propos homophobes, et faire évoluer les mentalités au sein de la police et de la gendarmerie pour que les agents puissent mieux vivre leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
« Flag reçoit environ une trentaine de plaintes chaque année venant soit de policiers ou gendarmes victimes en interne de LGBT-phobies, soit de citoyens rencontrant des difficultés avec la police ou la gendarmerie, notamment à l’accueil ou lors de la prise de plainte », expliquent les membres de l’association.
En France l’an dernier, 618 plaintes pour des actes ou des propos homophobes ont été recensés par les seul services de police.
« Ne pas laisser les choses aller trop loin »
Mais pour l’association, ces chiffres ne reflètent pas la réalité du phénomène. « Il est encore très difficile pour certains de se rendre dans un commissariat et de déposer plainte. Il a fallu plus de 20 ans pour que les femmes battues pour y arriver. Les LGBT ont le même travail à faire », explique Laurent Thierrée, administrateur de Flag.
« Si je me fais traiter de pédé en traversant la route, je n’en ai rien à foutre. Mais si je suis victime d’une agression physique, j’irai déposer plainte, assure un client. Il ne faut pas laisser les choses aller trop loin. »
Mais le public du Marais, établissement ouvertement LGBT de Clermont-Ferrand, ne représente pas dans son ensemble la population homosexuelle du département ou de la région. « Il y en a qui sont plus timides, qui ont peut-être plus peur du regard des autres. Certains sont très introvertis. Ils ont peur de dire qu’ils sont homos », estime un client. « Être homo à Chamalières, ce n’est pas gênant. A Croix-Neyrat, c’est autre chose », poursuit un autre.
Et si aucun n’hésiterait à déposer plaine, tous connaissent dans leur entourage des personnes qui, selon eux, préféreraient se taire plutôt que de révéler leur homosexualité, même à des policiers.
Jean-Baptiste Ledys
Soutenu par l’Intérieur
Les membres de Flag sont tous des policiers, des gendarmes, des agents de l’administration pénitentiaire et du ministère de l’Intérieur.
Ayant depuis l’an dernier le soutien et la reconnaissance du ministère de l’Intérieur, ils interviennent désormais chaque année dans toutes les écoles de police pour sensibiliser les élèves aux questions de l’homophobie.
L’association est par ailleurs membre fondateur d’un réseau européen de policier gay rassemblant dix pays.
Contact?: www.flagasso.com