Viols en Centrafrique : quelques interrogations plus tard…
Cette affaire de viols en Centrafrique n'est quand même pas totalement claire.
Boulevard Voltaire | Daniel Thomas | Ancien soldat | 05-05-2015
Des salauds et des pervers, il y en a dans toutes les professions. On peut imaginer que la proportion est sensiblement la même chez les militaires, comme chez les journalistes, les médecins, les policiers, les prêtres ou bien encore les instituteurs (euh, pardon, les professeurs des écoles). Tout le monde est par ailleurs d’accord pour que les pédophiles soient punis avec la plus grande sévérité, en application des lois actuellement en vigueur. Soit dit en passant, on remarque l’antinomie qui existe entre ces termes « grande sévérité » et « loi actuellement en vigueur », mais bon, ceci est une autre histoire…
Pour ma part, j’estime en outre que ceux qui exercent une profession leur conférant une autorité sur leurs semblables, qu’elle soit réelle ou simplement morale, devraient être encore plus sévèrement punis que les autres. Cela dit, pour que la justice puisse juger de la faute de comportement d’un individu et prononcer un jugement à son encontre, il faut commencer par entendre les victimes, authentifier leurs plaintes et vérifier qu’un délit a bien été commis. Il ne viendrait pas à l’idée de condamner quelqu’un sur les uniques déclarations de « ceux qui ont entendu dire ».
Or, partant de ces considérations très basiques, il s’avère que cette affaire de viols en Centrafrique n’est quand même pas totalement claire. En effet, à la base de ce qui pourrait être (j’insiste sur le « pourrait ») un scandale, il y a quand même des choses assez surprenantes.
Qu’on en juge : un employé des Nations unies recueille le témoignage de quatre enfants âgés d’une dizaine d’années déclarant avoir été obligés d’accorder des faveurs sexuelles à des soldats français en échange de nourriture, deux autres enfants étant témoins. Que fait cet employé ? Il écrit un rapport à sa hiérarchie. Et je pose alors cette question : comment se fait-il qu’un Occidental, employé par une agence internationale, donc ayant parfaitement connaissance des lois et des coutumes de nos pays, ait réagi de la sorte ? Vous ou moi aurions demandé à rencontrer d’urgence une force de police digne de ce nom (et il y en avait en Centrafrique, ne serait-ce que les gendarmes accompagnant les troupes françaises), ou bien encore un médecin et en dernier recours le chef desdites troupes, ne serait-ce que pour mettre un terme à de tels agissements. Eh bien non, rien de tout ça. Un rapport et puis c’est tout.
Quant aux éventuelles victimes, allez donc retrouver quatre orphelins d’une dizaine d’années, qui ont vécu entre décembre 2013 et juin 2014 dans un camp comptant quelque 100.000 réfugiés, au sein d’une ville de plus de 600.000 habitants dans un pays en guerre…
On comprend pourquoi le dossier traîne et aussi pourquoi il n’est pas près d’aboutir. Ce que l’on comprend moins, c’est la manière dont Jean-Yves Le Drian, par ailleurs l’un des rares ministres de ce gouvernement qui tienne la route, puisse autant écouter ses conseillers en communication…