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Pourquoi la CGT empêche la presse de paraître
Pourquoi la CGT empêche la presse de paraître
Le syndicat exigeait que les quotidiens publient un tract. Refus des patrons de presse. En représailles, leurs imprimeries ont été bloquées.
Par Le Point.frLes présentoirs vides des journaux quotidiens : conséquence du chantage de la CGT. © EMMANUEL GLACHANT
La CGT-Filpac (Fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication) voulait imposer la publication d'une tribune dénonçant la loi travail dans l'ensemble des journaux, ce matin. À défaut, menaçait la centrale, les rotatives ne tourneraient pas. Le syndicat de la presse quotidienne nationale s'est refusé à céder à ce chantage. Conséquence : aucun quotidien n'a été diffusé ce matin. À l'exception d'un seul : L'Humanité, qui publie l'intégralité du texte de Philippe Martinez, secrétaire général de la centrale.
En 2010, une initiative comparable avait été menée par la même CGT qui entendait protester contre la réforme des retraites menée par le gouvernement Fillon. Les patrons de presse s'y étaient également opposés et aucun quotidien national n'avait paru. Les directeurs des quotidiens nationaux sont vent debout contre cet ultimatum.
Laurent Joffrin, directeur de Libération :
« C'est un chantage pur et simple. La position du syndicat de la presse quotidienne qui nous représente est simple : on ne publie pas de texte sous la contrainte. La demande nous a été formulée comme dans Le Parrain. Dans ces termes : c'est une proposition que vous ne pouvez pas refuser. Seul L'Humanité s'est couché en cédant à cet ultimatum. On voit le projet sous-jacent : ces personnes sont dans la nostalgie d'un temps où il n'y avait qu'un journal véhiculant le message du parti. Ce n'est pas notre conception de la presse. »
Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro :
« La CGT bloque sans préavis, et pour la troisième fois en moins d'un mois, l'impression et la distribution des quotidiens nationaux datés du 26 mai. Ce sont des méthodes staliniennes. Ces blocages scandaleux témoignent de la surenchère politique « radicale » de la CGT, dont la direction est engagée dans un absurde bras de fer avec le gouvernement au sujet de la loi El Khomri. »
Louis Dreyfus, président du directoire du Monde:
« Je suis surpris et consterné que la CGT ait choisi de bloquer la parution des journaux qui se refusaient à diffuser son communiqué. La CGT s'octroie ainsi le droit d'autoriser ou d'interdire la sortie des quotidiens. Au delà du mot d'ordre de grève qu'il ne m'appartient pas de commenter, ce blocage des seuls titres qui refusent de publier sa communication est intolérable. En d'autres temps, on aurait appelé ça de la censure .
Nicolas Beytout, fondateur et directeur du journal L'Opinion , a publié un éditorial au vitriol:
« Comme tous les quotidiens nationaux, L'Opinion est interdit de parution, ce jeudi 26 mai 2016. Une date qui restera comme un de ces moments où l'on peut avoir honte de ce qu'est devenue l'action syndicale. La CGT a en effet décidé de bloquer l'impression des journaux qui avaient refusé de publier sous la contrainte un tract appelant le gouvernement à retirer la loi travail. Cette intrusion scandaleuse du syndicat dans les contenus des médias doit être dénoncée comme une déplorable atteinte à la démocratie. Il est vrai que la CGT n'en est plus à une dérive près. Avec le blocus de l'économie française, avec la mise en coupe réglée de son secteur énergétique et des transports, avec la menace de paralyser le pays à la veille de l'Euro de foot, sa stratégie est désormais claire : c'est celle de la prise d'otages et du chantage. »
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