• La pédophilie !

    Quand Charlie Hebdo défendait la pédophilie


    Comme une partie de la presse libertaire de l’époque, le journal satirique a soutenu, en 1977, trois pédocriminels, accusés d’avoir abusé de mineurs, avant d'être condamnés.

    « Matzneff et l’air du temps. » C’est le titre d’un article, publié ce mercredi dans Charlie Hebdo et rédigé par son rédacteur en chef Gérard Biard. « Un peu embarrassé que l’écrivain Gabriel Matzneff, pédophile notoire et revendiqué aujourd’hui au cœur de l’actualité pour un livre écrit non par lui mais par une de ses anciennes proies, ait eu durant des années son rond de serviette sur le plateau d’Apostrophes, Bernard Pivot se défausse sur l’air du temps », écrit le journaliste, qualifiant ses agissements de « crimes ». Et de poursuivre plus loin : « Le dandysme et l’entre-soi mondain qui […] fournissaient des signatures prestigieuses quand il publiait des lettres ouvertes demandant la libération de pédophiles emprisonnés, vont se nicher ailleurs. Il est vrai que cet air du temps-là est un peu fripé. »

    Embarrassé, l’hebdomadaire satirique devrait pourtant l’être aussi, qui a soutenu, avec une partie de la presse libertaire, la pédophilie dans ses pages, au cours des années 70 et 80. Car si Matzneff a largement bénéficié d’une mansuétude médiatique coupable, de gauche à droite, Charlie Hebdo est allé jusqu'à défendre les trois pédocriminels de « l’affaire de Versailles», au lendemain d’une pétition parue dans Le Monde et rédigée par… Matzneff lui-même. A l’époque, s’ouvre le procès de ces trois hommes, jugés pour « attentats à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de 15 ans » et placés en détention préventive depuis trois ans. Le journal, dirigé alors par le professeur Choron, publie le 27 janvier 1977, un article, titré « Mœurs » et signé par Victoria Thérame, passée aussi par le quotidien communiste L’Humanité.

    En voici le texte : « Si vous aimez les petites filles et les petits garçons quand ils ont encore le cartable dans le dos, si vous les suivez dans la rue, si, eux, vous regardent, vous attendent à la station du bus, s'ils viennent s'asseoir juste en face de vous, s'ils frôlent vos genoux comme par mégarde mais ne s’excusent pas, si vous les retrouvez à la sortie de l'école, si vous leur parlez, s'ils viennent dans votre chambre, si vous découvrez les ciels de cuisses tendres et sans duvet, leur trouble et le vôtre, quand ils vous disent "tu" et êtes leur ami-confiance, leur ami-plénitude, si vous allez ensemble au bois, à la clairière, derrière les volets où la lumière filtre à point, si vous les photographiez pour prolonger la vie, pour la fixer, parce qu'elle est fugitive et trop courte et que vous êtes trop amoureux, allez défendre Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckardt, emprisonnés depuis trois ans, qui passent devant la cour d'Assises de Versailles les 27, 28 et 29 janvier à 13 h et risquent cinq à dix ans de réclusion criminelle pour amour à enfant. »

     
    Finalement, les prévenus seront condamnés à cinq ans de prison avec sursis (et donc libérés) pour leur crime, fait de masturbations et fellations réciproques, d’orgies et de sodomies sur des enfants de 12 et 13 ans. Quelques années plus tard, le futur patron du journal (1992-2009), Philippe Val, signera aussi avec son ami et chroniqueur à Charlie Hebdo, Patrick Font, avec qui il forme le « duo comique » Font et Val (1970-1995), une pétition réclamant, en 1982, la libération de Claude Sigala, impliqué dans l’affaire de pédophilie du Coral (il sera condamné à 30 mois de prison avec sursis en appel), qualifiée de « sinistre comédie », avec Copi, dessinateur pour Charlie, et d’autres militants pro-pédophilie, dont le philosophe Gilles Deleuze, le psychanalyste Félix Guattari et le journaliste de Libération Guy Hocquenghem, comme l’a relevé le youtubeur et « lanceur d’alerte », Jean-Christophe Rabiller.

    Enfin, en 1998, Patrick Font sera même condamné, à son tour, à six ans de prison ferme pour attouchements sur mineurs. Quant à son compère, Philippe Val, il prétendra n’avoir jamais été au courant de ses penchants. Pourtant, Eric Martin, ancien rédacteur en chef du magazine satirique Zoo (1997-2000), auquel ont collaboré des journalistes de Charlie Hebdo, déclarait dans une interview accordée aux éditions Hermaphrodite, en 2006 : « Dans Charlie, ils ont carrément passé une lettre de Patrick Font disant que Philippe Val n’était pas au courant, ça sentait pas le mec qui avait téléphoné pour lui dire : ‘Putain Patrick, je suis dans la merde, tu peux pas m’écrire une lettre pour me dédouaner ?’. En plus je ne vois même pas comment Val peut dire qu’il n’était pas au courant, parce qu’en 1991, quand on faisait Canicule, on avait déjà entendu des rumeurs sur les penchants de Patrick Font. Ce que je trouve dommage, c’est que dans le duo Font et Val, ce soit le plus drôle qui soit parti en tôle, j’aurais préféré que ce soit l’autre. »

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