• La loi sur la fin de vie échappe à Macron .

    La loi sur la fin de vie échappe à Macron

    Décidément, plus rien ne fonctionne dans
    ce second mandat d’Emmanuel Macron !

    Son autorité est battue en brèche pour deux raisons :

    – Il n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale,

    – Il ne peut se représenter en 2027 et donc la bataille pour sa succession est déjà lancée au détriment de son autorité.

    Il parvient encore à faire illusion notamment avec la loi Asile et migration qu’il a réussi à faire passer avec la complicité du Conseil constitutionnel qui, grâce à une interprétation largement contestable de la Constitution, a retoqué la plupart des articles qui avaient été imposés par les sénateurs républicains.

    Mais, il vient de subir un revers très humiliant infligé par la Commission des lois qui vient de dénaturer totalement la loi sur la fin de vie qu’Emmanuel Macron avait pourtant souhaité « une loi d’équilibre ». Les députés de gauche et d’extrême gauche ont fait sauter toutes les barrières, toutes les précautions qui devaient encadrer la loi pour en éviter les dérives.

    C’était l’objet de l’édito de Vincent Trémolet de Villers, lundi matin, sur Europe 1 dont voici le verbatim :

    Fin de vie, dérive parlementaire et nihilisme de l’État

    Ce qui s’est passé, c’est que le chef de l’Etat a ouvert une brèche et des militants s’y sont engouffrés pour dessiner une loi à leur main !

    Dans cette histoire on aura plusieurs fois trompé le citoyen :

    • d’abord par la sémantique en refusant de parler de suicide assisté et d’euthanasie alors que c’était le coeur du projet,
    • ensuite en promettant des garde-fous qui ont tous été supprimés !

    A quoi, ressemble désormais de texte ?

    1. Le pronostic vital engagé à court et moyen terme n’est plus indispensable ce qui donne accès à l’aide à mourir à des gens qui ne sont pas en fin de vie. Par exemple, des maladies chroniques comme l’insuffisance rénale sévère, des cancers avancés avec une espérance de vie de plusieurs années pourraient entrer dans le champ d’application du texte !
    2. La collégialité disparait également. C’est le médecin qui, à la fin, décide seul !
    3. La Commission a aussi supprimé le consentement, c’est à dire que les directives anticipées rédigées parfois très en amont pourront suffire. La demande orale, avant le geste létal, ne sera plus indispensable.
    4. Le délai de rétractation de 48 heures sera aussi assoupli !

    Vous noterez que le consentement est devenu l’élément central de la morale contemporaine, mais, pour une question de vie ou de mort, il est superflu !

    Vous noterez aussi que le délai de rétractation est imposé par la loi pour l’ouverture d’un compte bancaire ou l’abonnement à une plateforme mais que l’on peut s’en passer pour décider de mourir !

    Ce serait drôle si ça n’était pas tragique !

    Le gouvernement s’est laissé dépasser … On hésite entre l’amateurisme et l’hypocrisie. Jean-François Delfraissy, le président du Comité d’éthique, l’a dit lui-même, c’est une étape ! C’est ce que pense beaucoup de promoteurs de la loi qui affichent d’immenses précautions mais qui ont un agenda beaucoup moins précautionneux.

    Ce double-jeu progressiste est une constante des lois sociétales : on promet une loi d’exception mais on veut aboutir à un principe anthropologique général. Concrètement, dans la Commission, c’est la gauche LFI et les jusqu’au-boutistes qui ont pris la main !

    Un exemple éloquent : la Commission a fait voter un délit d’entrave à l’aide à mourir sur le modèle de celui qui existe pour l’IVG. Le ministère a donné un avis favorable mais que recouvre ce délit d’entrave ? Est-ce que, par exemple, les départements de suicidologie qui tentent héroïquement de combattre les idées noires de leurs patients seront coupables d’exercer leur métier ? Pour le moment, les maladies mentales sont exclues du texte, mais au rythme où ça va, elles ne tarderont pas à y rentrer et la question que je pose se posera !

    Ce qui est en train de se préparer est gravissime !

    Quels peuvent être les effets politiques  de la victoire des jusqu’au-boutistes ?

    • La colère profonde des soignants,
    • la mobilisation des opposants,
    • la radicalisation des partisans.
    • Un sujet extraordinairement sensible et compliqué qui va déchirer inutilement un pays déjà fracturé.

    C’est à dire l’exact contraire de ce que voulait Emmanuel Macron.

    Il voulait un débat apaisé pour une loi d’équilibre. On se dirige vers une foire d’empoigne sur un sujet vertigineux.

    La loi, je le rappelle, pourrait faire entrer l’administration de la mort dans le code de la Santé publique !

    C’est à dire faire un soin de ce qui, jusqu’à aujourd’hui, était un crime !

    Vous pouvez penser que, même très encadrée, cette évolution ne pouvait avoir que des conséquences néfastes, mais sans aucun garde-fou, cela va créer partout, dans les hôpitaux, les familles, les consciences, une inquiétude diffuse et constante pour les plus vulnérables.

    Jean-Pierre Le Goff a trouvé la formule pour décrire ce climat délétère. Le sociologue parle à juste titre, de « nihilisme d’Etat » !

    Vincent Trémolet de Villers pour Europe 1.

    La vidéo de cet édito, est disponible ici.


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