• Forces et faiblesses du modèle assimilationniste français

     « Nos ancêtres les gaulois ». Cette citation, enseignée à des milliers d’écoliers prête désormais à sourire, symbole s’il en est du modèle français d’accueil des flux migratoires et d’ancienne puissance colonisatrice.

    Provenant du latin « assimulatio » (similitude) et de « similis » (semblable), l’assimilation est le processus qui permet à un étranger ou à une minorité de s’intégrer à un groupe social plus large en adoptant ses caractéristiques culturelles. Ce processus favorise l’homogénéisation des populations afin d’effacer les particularismes et d’en faire des citoyens non différentiables des autres par l’obtention de la nationalité, conçue comme un engagement irrémédiable. Ce processus peut être choisi ou être le résultat d’une politique volontariste, comme dans le cas d’un pays colonisateur désirant assimiler un peuple colonisé.

     L’assimilation s’accompagne de l’adoption de la langue et de l’adhésion au système de valeurs du groupe dominant, l’expression de leur identité et leurs spécificités socioculturelles d’origine étant cantonnées à la seule sphère privée. Elle est à différencier de l’intégration ou de l’insertion qui reconnaissent les spécificités culturelles ne les considérant nullement comme un obstacle à son intégration dès lors que l’individu respecte les règles et les valeurs de la société d’accueil. De conception anglo-saxonne, ce modèle conduit au communautarisme voir même parfois à la ségrégation qui sépare les personnes de couleurs différentes dans les activités qu’elles exercent couramment, que ce soit manger au restaurant ou s’asseoir sur un banc public ou dans un bus, comme ce fut le cas en Afrique du Sud ou dans le sud des États-Unis.

    La naissance du modèle assimilationniste français.

    Le concept d’assimilation, débattu pendant longtemps, remonte à l’Empire romain et à l’assimilation des nouveaux territoires conquis par les légions romaines. « A Rome, fait comme les Romains », disait l’adage. Le latin, le droit romain, les modes vestimentaires, la culture romaine, la romanisation des noms, l’urbanisation furent adoptés par les conquis.  L’édit de Caracalla de l’an 212 accorda en retour la citoyenneté romaine à tous les habitants de l’Empire.

    De l’avènement de l’État-nation français, jusqu’à Waterloo, l’Histoire de France est une quête pour reprendre le flambeau de l’Empire.  Le royaume de France trouvant son origine autour de l’Ile de France a pu s’étendre jusqu’à atteindre nos frontières actuelles par une longue série de guerres et de conquêtes, mais également par l’adoption de la langue, des coutumes, de la culture et du droit français, de la part des populations et des territoires alentour. La langue d’Oc, fut par exemple interdite d’utilisation officielle des le XVIe siècle puis dans la vie quotidienne suite à la révolution française.

    La «mission civilisatrice» et le sentiment universaliste français naissaient. Ce processus devait par la suite être transposé aux peuples colonisés d’Afrique et d’Asie.  Éric Zemmour explique ce «complexe de supériorité culturelle français» par leur envie de copier « une fois encore, les Romains qui assimilèrent progressivement les Gaulois, en sélectionnant des élites gallo-romaines, et accordèrent la citoyenneté romaine et l’entrée au Sénat aux plus brillants d’entre eux ».

    L’assimilation appliquée aux colonies

    En effet, au XVIIIe siècle, Condorcet expliquait que « les peuples d’Amérique, d’Afrique et d’Asie semblent n’attendre que d’être civilisés et de recevoir de notre part les moyens de l’être et de trouver des frères parmi les Européens pour devenir leurs amis et leurs disciples ».

    À la Révolution française de 1789, les « indigènes » furent considérés comme Français dès lors que leur territoire était sous souveraineté française.  Ainsi, le 4 avril 1792, l’esclavage fut aboli puis l’Assemblée nationale législative de la Première République Française, accorda la nationalité aux « indigènes » africains de l’Île Saint Louis, des territoires de l’embouchure du fleuve Sénégal et de l’Île de Gorée. En 1794, lors de l’Assemblée nationale révolutionnaire, assisté par les députés de la Caraïbes et l’Inde française, fut  adoptée une loi disposant que «tous les hommes résidant dans les colonies, sans distinction de couleur, sont citoyens français et jouissent de tous les droits garantis par la Constitution ».

    En échange, et à la différence de la politique coloniale britannique de type ségrégationniste, les Français souhaitent, et imposent, que les indigènes apprennent la langue et s’assimilent à la culture française.

    Cette doctrine de l’assimilation a été théorisée par Arthur Girault dans son ouvrage classique « Principes de colonisation et de législation coloniale » en 1894. L’assimilation, écrivait-il, « est l’union plus intime entre le territoire colonial et le territoire métropolitain ». Son but « est la création progressive de véritables départements français ». « L’assimilation doit être pensée comme l’héritière directe du projet de la Révolution française, car la Constitution de l’An III (1795) avait déclaré que les colonies étaient partie intégrante de la République »

    L’épisode des Quatre communes, faisant des Africains des citoyens français à part entière, pouvant exercer les plus hautes fonctions politiques de l’État français, et disposant de députés, a permis l’essor d’une élite. Blaise Diagne,  d’origine africaine, assimilationniste et homme politique français, les qualifiait de « Berceau de la France Africaine ». Il fut le premier député noir d’Afrique élu à la Chambre des députés française. Il a également joué un rôle important en faveur des droits des noirs engagés dans les troupes coloniales.

    C’est également ce statut qui permet à Galandou Diouf, Barthélémy Durand Valantin, Lamine Gueye et dans le cadre de la réforme de 1944 au normalien Leopold Sedar Senghor d’être députés, ou encore à Houphouët-Boigny d’être ministre. Néanmoins, ce modèle appliqué aux colonies demeura inachevé. Un statut spécifique « d’indigène » subsista et on jugea couramment les peuples colonisés, les « races » noires, jaunes ou rouges, comme étant inférieurs aux métropolitains, de « race » blanche, « la plus parfaite ». Considérés comme de grands enfants et ne pouvant véritablement administrer leur territoire, ils constituèrent rapidement une main-d’œuvre bon marché et trop souvent exploitée.

    L’assimilation comme modèle français d’accueil des étrangers

    En outre, l’assimilation a également constitué le modèle français d’accueil des étrangers en métropole, de la IIIe République aux années 1970-80 permettant l’installation de nombres d’Italiens, de Belges, d’Espagnols, etc. La France fut pendant longtemps l’un des seuls pays d’Europe à accueillir une immigration continue, tout comme les États-Unis, l’Australie, l’Argentine ou le Canada. De nos jours, ces populations sont désormais considérées comme intégralement françaises, et personne n’aurait l’idée de le remettre en cause. Légions sont désomrais nos dirigeants ou entrepreneur à porter un nom à consonance italienne, espagnol ou polonaise (Mais un prénom français).

    Mais ça ne se fit pas sans heurt. Ce modèle d’assimilation en obligeant l’immigré désireux de devenir français à se dépouiller d’une partie de son identité, provoqua souffrance et  parfois même découragement.  En effet, près de deux tiers des Italiens sont repartis, et près de la moitié des Polonais, pourtant européens et catholiques. Seuls sont restés ceux qui furent prêts à sacrifier leurs traditions pour l’amour de la France.

    Comment ne pas évoquer ici, l’odyssée de Lazare Ponticelli, dernier « Poilu français » qui commença à travailler dès l’âge de six ans pour se rendre à Paris en France, qu’il considérait comme « le paradis ». Ne sachant pas si ses économies seraient suffisantes pour acheter un billet Piacenza-Paris, il décida de courir derrière le train jusqu’à la frontière française, avec ses sabots sur l’épaule pour ne pas les abimer et débarqua Gare de Lyon, en 1906 à 9 ans, sans savoir ni lire, ni écrire, ni parler français. Devenu entrepreneur, il quitta tout lors de la première guerre mondiale,  et s’engagea à 16 ans en trichant sur son âge pour rendre à la France à sa manière, ce qu’elle lui avait offert. Blessé en Slovénie, il retournera au front. Jugé trop âgé lors de la seconde guerre mondiale, il entrera alors dans la résistance. Décédé en mars 2008, Max Gallo le qualifiera « d’Homme de paix, modeste et héroïque [...] italien de naissance et français de préférence ».

    La France, et son modèle assimilationniste, avait pour tradition d’obliger les parents, français ou étranger, à choisir le prénom de leur enfant dans le calendrier français.  Ce principe multi-centenaire fut érigé en loi en 1965 et 1972.  En 1981, les préfets reçurent l’instruction de ne pas interdire aux parents de donner à leurs enfants des prénoms autres que français, permettant les prénoms américains, musulman, italien ou israélite.  En 1993, une loi vint abolir les précédentes, oubliant par ailleurs toute la symbolique du prénom. Au lieu de pousser les populations étrangères à s’assimiler totalement à la France, limitant les différences, et par la même la méfiance intrinsèquement humaine qui en résulte, les derniers gouvernements ont cherché à transformer la mentalité et la perception des populations d’origines. Sans succès. Depuis les années 70 et 80 et l’abandon progressif du modèle d’assimilation pour le modèle d’intégration, le communautarisme et la perte d’identité triomphent. Ajoutée à l’augmentation absolument sans précédent des flux migratoires aggravée par la mondialisation, la France ne parvient plus à dissoudre, et accueillir sereinement, dignement et efficacement ses nouvelles populations. Mais telle est l’époque, que les français face à l’échec de l’intégration, réclament toujours moins d’assimilation. «Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes» disait Bossuet.  Alexandre Mandil ..

    Gorieuse France ..


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  • Par:Sylvestre Brunaud..            Sarkozy avait la copie "De Gaulle" ..

    Sarkozy avait la copie "De Gaulle" .

    Décidément ,ils se reconnaissent tous sous la copie de De Gaulle ?...

    Le Cap (Afrique du Sud) Du Sarko copie De Gaulle Sarkozy était un gaulliste pur et  Sarkozy avait la copie "De Gaulle" ..simple pensant qu‘as lui ..bien sur!!! Copie conforme de De Gaulle « l’Algérie de papa c’est terminer» .. Sarkozy disait « l‘Afrique de papa c‘est fini« »,

     (Hollande diras peut être "la France de papy terminer")

    Mais moi je le dis en toute sincérité ;La France du patriarche et ses coutumes est terminer depuis la bonne volonté de De Gaulle" Et mai 1968 en a clôturé le tout ...(emballer c'est vendu )...

     Soupçonné de traîner des pieds pour appliquer sa promesse de rompre avec les pratiques douteuses de la « Centrafrique », Nicolas Sarkozy avait donner un peu de grain à moudre à ses détracteurs.

    Comme il était Arrivé dans la station balnéaire du Cap en Afrique du Sud après une escale express au Tchad la veille, le chef des armées a promis un grand ménage dans les accords de défense obsolètes qui lient l'Hexagone à huit de ses anciennes colonies depuis les années 1960. « La France n'a pas à jouer le rôle de gendarme en Afrique » ni à y maintenir « indéfiniment » des troupes, a-t-il prévenu. De quoi inquiéter les 9 000 soldats français basés au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou à Djibouti. Effet d'annonce ou vrai coup de balai ? Disons circuler ,il n’y a rien a voir …

    L'Elysée n'était pas en mesure de dire si des bases militaires Françaises mettraient la clé sous la porte a cette époque…

    Autre nouveauté : Sarkozy s'était engagé à rendre ces accords - enfin - publics et à associer les députés à sa politique africaine. Cette rupture, il l'avait imaginée déjà en mai 2006 à Cotonou, au Bénin. Sans jamais citer Jacques Chirac - mais en y pensant très fort -, il avait alors épinglé « les réseaux d'un autre temps », les « émissaires officieux » et le « paternalisme » de la France sur le continent noir.

    Mais voilà : ses premiers mois à l'Elysée avaient plutôt donné le sentiment d'un changement... dans la continuité. Omar Bongo, qui régner sans partage sur l'ancienne colonie du Gabon depuis 1967, a été le deuxième chef d'Etat africain reçu à l'Elysée fin mai.2006... Et c'est à Libreville, chez le même Bongo, que Sarkozy a achevé fin juillet 2006 ,sa première tournée africaine. En début d'année, le secrétaire d'Etat à la Francophonie, Jean-Marie Bockel, s'était ouvertement inquiété d'une rupture qui « tardait à venir ». Sans compter le coup de main décisif donné par les soldats français au Tchadien Idriss Déby début février pour repousser l'attaque rebelle... A la presse qui lui demandait le mercredi à N'Djamena de s'expliquer, Sarkozy avait préféré parler du coup de gueule qu'il a poussé contre Déby. « Je ne suis pas sûr qu'il y a beaucoup de présidents Français qui ont tenu de tels propos. Si c'est pas une rupture ! »

    Je vous remercie Sylvestre Brunaud..


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